Certification professionnelle

Objectifs et contexte de la certification :

Depuis la révolution industrielle, il y a 250 ans, le design a toujours été en phase avec les ambitions et les modèles industriels, économiques et sociétaux du moment : industriel au 19ème siècle - où il fallait produire de la beauté avec les machines, séducteur et compagnon du marketing au 20ème siècle - dans une société de consommation mondialisée, accompagnateur et facilitateur de la révolution numérique au début du 21ème, et participant à la réingénierie des politiques publiques aujourd’hui.

De nombreuses spécialisations professionnelles du design sont nées de ces époques et sont restées : designer industriel, designer d’espace, designer graphique, designer d’interface, designer d’interaction, designer de service, designer d’expérience, designer de politiques publiques. En étant spécialisés, dès leur formation, ces designers manquent cruellement d’une approche systémique globale faute d’y avoir été formés et d’avoir acquis les références, les savoirs, les méthodes et outils correspondants.

La 3ème décennie du 21ème siècle s’est ouverte avec la crise mondiale du Covid, qui a été un accélérateur puissant de la prise de conscience généralisée des faiblesses et des impasses des systèmes en place, mais aussi de la crise climatique et de ses conséquences sur l’environnement et la biodiversité.

Ces crises ont confirmé, sinon révélé, la nécessité de mettre en œuvre de nouvelles méthodes systémiques de questionnement, d’enquêtes terrain, d’analyse et de compréhension des enjeux, mais aussi de créativité et de prototypage de nouvelles solutions aux problèmes complexes auxquels sont confrontées toutes les organisations humaines, entreprises, collectivité et services publics, et ce sur des enjeux très en amont de ceux de la production ou de la vente, à savoir ceux de la décision.

Venu des USA, le Design Thinking est une tentative simplifiée de réponse à ce besoin, qui puise dans la posture du designer les méthodes et les outils nécessaires. Mais elle est simplifiée et limitée parce que l’approche est la plupart du temps portée par des non-designers, mais des gens venant du marketing ou de l’ingénierie, qui ne maitrisent en rien l’ensemble des savoirs, méthodes, outils et pratique du designer.

La présente certification professionnelle satisfait complètement la demande de designers systémiques (dits designers globaux) capables d’appliquer la panoplie de leurs compétences au sein de toutes les organisations humaines (entreprises, collectivités territoriales, services publics), pour prendre place aux côtés des ingénieurs et managers pour relever 3 défis intimement mêlés et inséparables :

1. Gérer, utiliser et transformer les ressources du monde de manière durable et raisonnée
2. Concevoir/produire les objets, les systèmes, les services et les expériences au service de tous et de chacun
3. Préparer, motiver, prendre et orchestrer les meilleures décisions possibles

De la matière à la décision, les designers globaux contribuent, sur chacun de ces points à la conception et à la mise en œuvre de solutions durables et justes, au service de tous et de chacun.

Le designer global accompagne des entreprises ou des collectivités dans les processus de prise de décision et donc des créations qui en découlent en termes d’organisations, d’usages, de services, d’espaces, de systèmes d’objets, d’objets, d’applications, ou d’interfaces ayant pour objet de procurer une expérience réussie aux utilisateurs et plus généralement à toutes les parties prenantes, le tout dans une démarche de développement durable.

Le designer global est un expert qui est partie prenante d’un travail pluridisciplinaire au sein d’une démarche collaborative. Il/elle observe et représente des situations, identifie les problématiques, mène une démarche de création et d’innovation répondant aux problématiques, matérialise et prototype des solutions, et sait les partager.  Il/elle est expert.e d’une méthode, d’une approche, d’une manière de considérer l’utilisateur et de l’émergence de solutions innovantes et joue un rôle de médiateur entre les parties prenantes du projet de design. Pour cela, le designer prend en compte un système dans son ensemble (acteurs, interactions, flux, espace, temps, lumière, objet, signes, technologies) et se concentre sur les situations de vie humaine, publiques ou privées, intimes ou professionnelles.

Le designer global joue un rôle de médiateur entre les parties prenantes du projet de design. Plus qu’un rôle hiérarchique, il/elle doit faire preuve d’une grande capacité d’adaptation et de diplomatie pour permettre aux différents corps de métier de fonctionner ensemble sur un projet d’innovation et de ne jamais perdre de vue l’objectif initial. Étant au cœur du dispositif, il/elle est considéré.e par le donneur d’ordre comme le garant de la réussite du projet.

Le travail du/de la designer global rime ainsi à la fois avec travail en équipe et autonomie. Autonome dans la phase de conception initiale, il/elle est amené/e à coordonner les équipes pluridisciplinaires qui interviennent dans le développement opérationnel et la fabrication du projet qu’il doit conduire à bonne fin.

Le métier est à l’œuvre dans absolument tous les secteurs : industrie culturelle et créative, industrie manufacturière, industrie du service, santé, mobilité, services publics ou privés, politiques publiques. Étymologiquement, le terme de designer vient de l’italien disegno qui signifie à la fois dessin et dessein. Le/la designer est donc celui/celle qui « dessine à dessein ».

Le grade universitaire atteste l’acquisition d’un socle de connaissances et de compétences dans un champ disciplinaire ou pluridisciplinaire et sanctionne une formation adossée aux connaissances les plus avancées au niveau de qualification considéré.

Activités visées :

1 - Préparation et contribution à la prise de décisions nécessaires au déclenchement de projets :

• Ré-exprimer et verbaliser les questions soulevées, dans une posture critique;
• Effectuer le travail d'observation ethnographique sur le terrain (interviews,  enquêtes quali/quanti, documentation, captation) ;
• Analyser et structurer les données recueillies ;
• Cartographier les caractéristiques structurantes (forces, relations, protagonistes, contexte, normes, loin usages) de la situation étudiée.
• Restituer de manière synthétique le résultat de l'analyse
• Contribuer à la production de scénarios décisionnels

2 - Management d'une démarche de co-conception :

• Participer à la création et à l'animation une équipe pluridisciplinaire dans une démarche de co-conception créative en maitrisant plusieurs méthodologies de projet, notamment la méthode du design et ses avatars (design thinking, méthode agile, facilitation graphique), et en mettant en œuvre des approches d'intelligence collective et de management multiculturel.

3 - Résolution de problèmes liés aux situations de vie humaines et non humaines :

• Mettre en œuvre l'ensemble des savoirs et des outils du designer pour identifier des problématiques humaines, individuelles et sociales, mais aussi non-humaines (le vivant, l'environnement), imaginer des solutions innovantes, les matérialiser, les tester, et les partager avec l'ensemble des parties prenantes.

4 - Mesure de l'impact environnemental et social des solutions proposées :

• Mettre en œuvre des métriques permettant de mesurer les impacts environnementaux des solutions imaginées en réponse aux briefs des organisations clientes (entreprises, collectivités), afin de déterminer les marges d'amélioration des propositions, ou leur élimination.

5 - Communication et argumentation auprès de tous les protagonistes d'un projet :

• Communiquer à l’oral comme à l’écrit tout au long du projet auprès de toutes les parties prenantes et en élaborant tous les outils et documents liés à chacune des phases de la démarche de développement de la solution, et à leur partage.

6 - Utilisation généralisée des techniques de représentation :

• Mettre en œuvre toutes les techniques de représentations (dessin, volume), manuelles ou numériques, à toutes les étapes de la gestion et de déploiement de la méthode de design global, pour pouvoir représenter l’humain et le vivant, des objets, des espaces, des usages, des symboles et des concepts, des cartes mentales, de la complexité, des organisations, des stratégies

Compétences attestées :

• Compétences transversales

- Identifier les usages numériques et les impacts de leur évolution sur le ou les domaines concernés par la mention
- Se servir de façon autonome des outils numériques avancés pour un ou plusieurs métiers ou secteurs de recherche du domaine
- Mobiliser des savoirs hautement spécialisés, dont certains sont à l’avant-garde du savoir dans un domaine de travail ou d’études, comme base d’une pensée originale
- Développer une conscience critique des savoirs dans un domaine et/ou à l’interface de plusieurs domaines
- Résoudre des problèmes pour développer de nouveaux savoirs et de nouvelles procédures et intégrer les savoirs de différents domaines
- Apporter des contributions novatrices dans le cadre d’échanges de haut niveau, et dans des contextes internationaux
- Conduire une analyse réflexive et distanciée prenant en compte les enjeux, les problématiques et la complexité d’une demande ou d’une situation afin de proposer des solutions adaptées et/ou innovantes en respect des évolutions de la règlementation
- Identifier, sélectionner et analyser avec esprit critique diverses ressources spécialisées pour documenter un sujet et synthétiser ces données en vue de leur exploitation
- Communiquer à des fins de formation ou de transfert de connaissances, par oral et par écrit, en français et dans au moins une langue étrangère
- Gérer des contextes professionnels ou d’études complexes, imprévisibles et qui nécessitent des approches stratégiques nouvelles
- Prendre des responsabilités pour contribuer aux savoirs et aux pratiques professionnelles et/ou pour réviser la performance stratégique d'une équipe
- Conduire un projet (conception, pilotage, coordination d’équipe, mise en œuvre et gestion, évaluation, diffusion) pouvant mobiliser des compétences pluridisciplinaires dans un cadre collaboratif
- Analyser ses actions en situation professionnelle, s’autoévaluer pour améliorer sa pratique dans le cadre d'une démarche qualité
- Respecter les principes d’éthique, de déontologie et de responsabilité sociale et environnementale
- Prendre en compte la problématique du handicap et de l'accessibilité dans chacune de ses actions professionnelles

• Compétences spécifiques

• Ré-exprimer, en le motivant, un questionnement fourni par un commanditaire.
• Déployer les savoirs, méthodes et outils d’observation terrain sur une question donnée et en tirer des enseignements documentés
• Identifier les opportunités d’actions sous la forme de problématiques énoncées
• Déployer les méthodologies créatives à la recherche de solution à une problématique donnée, en essayant de la rendre universelle
• Concevoir les objets intermédiaires d’une solution et en tester les usages sur le terrain
• Finaliser les solutions en termes de formes, de matériaux, de fonctions, d’usages, de communication
• Déployer les techniques de représentation à toutes les étapes de la conception, du questionnement à a communication vers les parties prenantes, en passant par l’observation, la problématisation, la création, la formalisation, la finalisation, la collaboration et la médiation

Modalités d'évaluation :

• Mise en situation professionnelle réelle individuelle, écrite, illustrée et orale : l’évaluation est effectuée suivant 2 modalités complémentaires : contrôle continu par l’encadrant du projet, et soutenance orale et documentée devant un jury de personnalité extérieures. C’est l’ensemble des compétences spécifiques qui sont essentiellement évaluées
• Élaboration d’un papier de recherche en vue de publication : l’équipe de recherche de l’école de design encadre la rédaction individuelle et/ou collective (2 personnes) d’un papier de recherche, en vue de publication sur une thématique proposée par ladite équipe. C’est la direction de la recherche qui note le travail effectué sur des critères de méthodologies de recherche et de qualité rédactionnelle.

Chaque ensemble d'enseignements possède une valeur définie en crédits européens (ECTS). Pour l’obtention du grade de master, une référence commune est fixée correspondant à l'acquisition de 120 ECTS au-delà du grade de licence.